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La Traversée du Vercors

Robin Duvillard menant le train © Transvercors nordique

Voici la 45ème édition de la Traversée du Vercors ! Sommet de la saison avec la Foulée Blanche. La grande question jusqu’à ce jour portait sur l’enneigement. L’organisation a toutefois communiqué le maintien en dépit de passages présentant un manque d’enneigement. Nous nous sommes consultés avec mon partenaire pour décider du choix des skis : ce seront les vieux skis-cailloux.

Pour me donner toutes les chances, je n’ai pas sorti les skis la veille, et ce dimanche matin, je me lève aux aurores plein d’excitation. Petit déjeuner consistant, thermos de thé et gâteau énergétique dans le sac, je file au pied du Vercors rejoindre mon partenaire. Nous grimpons ensemble, avec deux autres skieurs qui eux feront la traversée en mode rando. Rendus aux Geymonds nous prenons sans attendre une navette qui nous mène tranquillement au col de Rousset. Déjà ce voyage nous met dans l’ambiance, les paysages sauvages du Vercors se dévoilent à la mesure de l’apparition du jour !

Nous sortons du bus, et le froid vif matinal nous saisit. Nous récupérons nos affaires, nous installons dans un coin, puis nous partons trottiner car il reste du temps avant le départ à 8h30. Une fois réchauffés, nous enfilons nos chaussures et fixons nos skis pour un échauffement sur les pistes, avant de nous mettre en tenue avec le dossard, et de boucler les sacs-vestiaires que nous abandonnons au camion.

Au départ

Nous passons la ligne d’enregistrement et allons nous aligner au milieu du peloton de plus de 300 coureurs en binômes, les randonneurs suivront derrière. A l’heure dite, nous nous élançons, toujours pleine pente, le cœur bondit, le corps doit vite transiter du repos échauffé à la course ! Je suis vigilant, j’essaie de choisir la file qui permet d’avancer sans bloquer les autres pour ne pas me faire marcher dessus. Nous passons de l’ombre au soleil. La pente ne faiblit pas, l’effort est rude.

Nous finissons par rejoindre la piste de largeur standard, donc une file avec un peu d’espace pour doubler, mais sans garantie. Chacun a pratiquement son rang désormais. Nous cheminons sur la montagne de Beurre, presque à plat. A l’horizon, l’immense étendue des Hauts-Plateaux du Vercors nous attend ! Encore un peu plus loin, la première difficulté, tant redoutée : le Pas des Econdus.

Je le passe presque, sauf que je ne parviens pas à contrer la centrifugation causée par la vitesse élevée en bas, du fait des carres usés de mes skis : un dérapage incontrôlé et une chute sans gravité (moins qu’à la Royale) me retardent un peu. Je repars et retrouve mon partenaire. Nous poursuivons en bordure du plateau de Varême, le long de la Combe Male ou pas bien loin. Nous profitons de ce tracé globalement descendant pour admirer le Grand Veymont.

Nous arrivons bientôt à la maison forestière de Pré Grandu, premier ravitaillement, que nous passons. Nous empruntons la route de Charbonnières, qui nous fait remonter sur presque 200 mètres sur le plateau, puis dévalons de nouveau pour passer devant Pré Rateau, mais à ma surprise le ravitaillement que j’attendais n’existe pas cette année ! Tant pis, nous poursuivons, j’ai ma gourde d’un litre. Nous sommes désormais sur la route des Bachassons, et j’apprends à négocier les descentes pour ne plus tomber.

Nous arrivons ensuite au col de la Berche, point bas de la traversée avant la dernière descente vers l’arrivée, pour prendre la route forestière des Drayons. Nous franchissons le pas des Bouches et grimpons vers la baraque forestière de Pré Vallet où nous attend encore un ravitaillement. Plus loin c’est le col de la Sarna que nous montons en partie à pied, l’organisation nous avait prévenus, en dépit des efforts des bénévoles pour enneiger cette portion, la douceur a eu raison de cette exposition plein sud.

Herbouilly © Transvercors nordique

Nous descendons le col et rejoignons le passage entre carrefour de la Royale et Coinchette, pour filer vers Herbouilly par les montagnes russes, avant un dernier ravitaillement bienvenu. Nous traversons ensuite la plaine d’Herbouilly et remontons longuement le col de Chalimont. L’enneigement étant insuffisant pour rentrer par la Sambue comme par Valchevrière, il ne restait à l’organisation que le choix de grimper par Château-Julien !

L’effort est trop important pour moi, j’adopte un rythme tranquille pour assurer la longue montée. Sur le plateau je sais qu’il ne reste plus que de la descente, rapide notamment jusqu’à Malaterre et Bois Barbu. Mais descendre rapidement en ski de fond quand on n’est pas un champion et qu’on est fatigué n’est pas une mince affaire, il faut éviter les crispations pour ne pas chuter et surtout ne pas attraper de crampes !

Nous finissons avec mon partenaire en rythme, et avec le plaisir de cette portion agréable bien glissante encore malgré la douceur ! Quelle belle traversée encore !

Les photos sont ici (Note : sans mention de l’auteur, il s’agit de photos de Focus Outdoor ou Photo’Niz, ou encore de l’association Transvercors disponibles sur le site de la Transvercors).

Distance = 49,4 km
Durée = 3h25'
Vitesse moyenne = 15,3 km/h
Ascension totale = 1.232 m

Cinquantième anniversaire de la Traversée du Vercors 

tv.jpgL’histoire est compliquée : si j’écris cinquantième Traversée du Vercors je commets une erreur car il n’y a eu que 43 éditions en cinquante ans. Une chose est sûre, la première édition date de l’année des Jeux Olympiques de Grenoble, en 1968. L’histoire de sa genèse peut se découvrir ici. Toutefois, il y a eu des années sans neige et des annulations pour d’autres raisons.

En ce qui me concerne, je l’ai réalisée pour la première fois en 2009. Une année, en 2010, elle fut transportée à Font d’Urle (Chaud Clapier), du fait du manque d’enneigement sur le parcours des Hauts Plateaux. En 2014, la neige était tombée en abondance quelques jours avant et avait rendu la traversée encore plus difficile qu’en conditions normales, comme on peut le voir dans cette vidéo.

En 2015, j’avais cassé un ski, et en 2016 et 2017 elle fut annulée pour manque de neige, alors qu’à la veille de l’édition 2017, la neige tomba en abondance !

20180304_081549.jpgMais pour cette édition 2018, tous les indicateurs sont au vert ! Rendez-vous au départ des navettes, avec mon coéquipier, aux Geymonds. Le car nous fait descendre les gorges de la Bourne, verglacées par le gel nocturne d’une nuit claire, puis nous remontons la vallée de la Vernaison jusqu’au Col du Rousset, point de départ de la Traversée. Le lever du jour dans ce Vercors sauvage est en soi un pur bonheur.

20180304_082451.jpgNous retirons nos dossards, nous préparons, et nous échauffons dans l’heure qui précède le départ donné à 8h30. Celui-ci s’effectue pleine pente, en grimpant une piste de descente de ski alpin, certes de pente modeste, mais cet effort intense dès le début donne le ton de cette course.

Au sommet de la montagne de Beurre, à plus de 1600 m, le panorama est toujours époustouflant avec le Grand Veymont et les sommets des Hauts Plateaux du Vercors en enfilade. Hélas pas de photo à montrer, le rythme de la course ne le permettant pas (enfin, je ne me l’autorise pas).

La descente vers le Pas des Econdus est une formalité pour la première fois de toutes mes tentatives ! Nous filons vers Pré Gandu, par une succession de montées et descentes, ces dernières étant heureusement plus longues que les premières. Puis c’est la longue route forestière des Charbonnières, avant le prochain ravitaillement à Pré Rateau.

C’est ensuite la route forestière des Bachassons puis la Sarna, avec un enneigement plus faible, raison pour laquelle nous ne passons pas par le Col de la Berche, pourtant un formidable belvédère sur la haute vallée de la Vernaison. Nous arrivons enfin sur le domaine nordique des Hauts Plateaux puis rejoignons la Porte d’Herbouilly ou nous attend un ravitaillement, le dernier de cette traversée.

Nous poursuivons au nord en remontant le col d’Herbouilly, bifurquons à 180 degrés vers la plaine d’Herbouilly que nous traversons vent de face et avec une neige légèrement fondante donc moins glissante. De retour près d’Herbouilly, nous grimpons dans un ultime effort, entrecoupé de petites pauses pour éviter les crampes, vers le Pas de la Sambue.

Une dernière descente scabreuse, puis nous rejoignons le Chargeoir de la 46 pour la belle descente rapide à Malaterre, Charbonnière, Galmiche, et c’est enfin l’arrivée à Bois-Barbu, la délivrance !

Une belle traversée en 4 heures environ, soit pratiquement mon objectif, pas de chute au Pas des Econdus, pas de bris de matériel (sauf un panier de bâton perdu, pas facile de pousser dans la neige dans ce cas), un temps merveilleux, mais des sensations encore un peu moyennes en dépit de mon entraînement. Merci aux organisateurs et à mon coéquipier pour cette merveilleuse traversée !

Quelques photos ici, et la vidéo de Pierre-Yves Gibello .

Distance = 54,49 km
Durée = 4h07′
Vitesse moyenne = 14,3 km/h
Gain d’altitude = 1.249 m

La Traversée du Vercors

La Traversée du Vercors sur fond de Hauts-Plateaux (le Grand Veymont) (c) Eric Charron

La doyenne des longues distances (1968) se présente bien : enneigement suffisant, prévisions météo ensoleillée, partenaire motivé (l’épreuve se court à 2 en chronométré ou seul en rando), bref tous les signaux sont au vert ! Ce sera ma cinquième participation, et l’année passée a été difficile du fait des quantités importantes de neige (voir ici), obligeant à passer au-dessus des 5h. Mon objectif est de me rapprocher des 4 heures.

4h30 : lever, petit déjeuner copieux

5h30 : rendez-vous avec mon co-équipier au pont-barrage de St Egrève

6h15 : arrivée à Bois Barbu et embarquement dans la navette, direction le col du Rousset, départ de l’épreuve

7h30 : arrivée au col du Rousset, retrait des dossards et préparation. Une fois équipés, nous montons pleine pente (pistes de ski alpin) et redescendons, histoire de s’échauffer brièvement, puis allons nous positionner au départ.

8h30 : départ. Plus de 700 skieurs s’élancent à leur tour (les champions en tête, les anonymes comme mon co-équipier et moi dans la masse). Nous avions repéré un drone presque immobile au-dessus de nous, nous survolant, et probablement nous filmant ; nous découvrirons les belles images dans le film de la chaîne Vercors TV.

Le départ se fait pleine pente sur une piste de ski alpin du Col du Rousset, de 1320 m à 1540 m, et le cœur se met très rapidement dans la bouche (179 bpm) : il faut aussi éviter de s’emmêler les skis et les bâtons avec les skieurs voisins, sachant qu’on va passer de 4 colonnes à 1 seule colonne en moins de 2 kilomètres ; la sélection est féroce !

Puis, nous atteignons la montagne de Beurre, avant de redescendre fortement pour rejoindre les hauts plateaux du Vercors : la vue est extraordinaire, et suffit à elle seule à faire oublier les souffrances endurées l’année passée ! Le Grand Veymont, sommet du Vercors, et l’enfilade de sommets de la muraille orientale de la chaîne s’offre à nous.

Mais avant, il faut descendre vers le pas des Econdus. Or, la neige est dure et encore glacée ce matin, et il est très difficile de contrôler sa vitesse et de s’arrêter. La vidéo Vercors TV montre d’ailleurs de belles gamelles ! Hélas, un skieur va chuter devant moi, et entre ravin et talus mon choix sera vite fait : résultat, ski droit cassé !

Il ne reste plus qu’à revenir au départ, d’abord à pied, puis en rechaussant les skis et en évitant de laisser porter mon poids sur le ski cassé. Tant bien que mal, je retourne au départ, avec 3-4 malheureux, dont 1 catalan de Barcelone qui s’est foulé la cheville, et un rameur grenoblois qui a cassé ses 2 skis ! Dans mon malheur, je fais le bonheur d’un coureur qui a cassé son bâton, et à qui je prête l’un des miens, devenu inutile…

Nous aurons l’extrême avantage d’assister à toutes les arrivées, mais quelle déception ! Rendez-vous est donc pris pour 2016, et mon objectif restera de finir en moins de 4 heures, quitte à descendre le pas des Econdus à pied !